Promouvoir l’approche One Water–One Health : un appel mondial depuis le Congrès mondial de l’IWRA 2025
Lors du XIXe Congrès mondial de l’eau à Marrakech, le Conseil mondial de l’eau a réaffirmé un message désormais incontournable : l’eau et la santé doivent être abordées ensemble, et non de manière parallèle.
Au cours du panel de haut niveau consacré à l’interconnectivité et la pensée systémique dans la gestion de l’eau, le Conseil a souligné que l’avenir de la sécurité hydrique et, plus largement, de la stabilité mondiale, repose sur l’adoption d’approches horizontales, intégrées, dépassant les logiques sectorielles traditionnelles et plaçant la santé au cœur de la gouvernance de l’eau.
Le constat du Congrès est clair : l’ère des stratégies isolées est révolue.
Les approches verticales comme la Gestion intégrée des ressources en eau (GIRE) ont joué un rôle essentiel depuis plus de 40 ans, mais les défis contemporains exigent davantage. Il nous faut désormais intégrer l’eau à l’énergie, à l’alimentation, à la nature, et, de manière décisive, à la santé publique.
Le Conseil mondial de l’eau porte aujourd’hui cette transition avec force.
La Five Fingers Alliance : un cadre pour penser l’interconnexion
Le panel de haut niveau a mis en lumière une image puissante : la Five Fingers Alliance.
Les cinq doigts représentent l’eau, l’énergie, l’alimentation, la santé et la nature ; la main qui les unit symbolise l’éducation. Conçue il y a plus d’une décennie au Rajasthan, en Inde, cette approche rappelle une vérité simple et fondamentale :
Ignorer l’un de ces éléments, c’est fragiliser tous les autres.
Cette vision interconnectée rejoint la mission fondatrice du Conseil mondial de l’eau : sécuriser l’eau pour les populations et les écosystèmes. Aujourd’hui, le Conseil mondial de l’eau appelle à l’évolution des outils de gestion traditionnels afin de privilégier la complémentarité plutôt que l’isolement.
La Five Fingers Alliance ouvre la voie à des politiques :
- répondant simultanément à plusieurs priorités de développement,
- renforçant l’éducation et l’implication des jeunes,
- construisant une résilience systémique durable.
Le Congrès de l’IWRA a constitué une plateforme idéale pour promouvoir ce cadre et encourager son adoption à l’échelle mondiale.
Intégrer la santé dans le Nexus : une avancée attendue depuis longtemps
L’un des progrès les plus marquants présentés à Marrakech concerne la reconnaissance internationale que la santé doit enfin être pleinement intégrée dans le Nexus eau–énergie–alimentation–nature.
La pandémie de COVID-19 a démontré de manière irréfutable le rôle stratégique de la surveillance des eaux usées dans la détection précoce des menaces sanitaires.
Grâce au travail pionnier d’experts turcs, notamment des professeurs Bilge Kocacemi et Ahmet Saatçi, la surveillance environnementale est passée du stade expérimental à un outil global. Des stations d’épuration d’Istanbul aux hôpitaux, gares et aéroports du monde entier, cette approche a montré sa capacité à :
- détecter les agents pathogènes et les contaminants émergents,
- suivre la résistance antimicrobienne,
- guider la réutilisation sûre des eaux traitées,
- soutenir la gestion d’urgence (guerres, inondations, séismes, sécheresses),
- fournir une intelligence sanitaire en temps réel.
Le consortium mondial GLOWACOM, soutenu dès son origine par la Commission européenne à travers HERA, a joué un rôle déterminant dans cette avancée. Le Conseil mondial de l’eau est fier d’avoir été parmi les soutiens précurseurs de cette dynamique.
Vers un Centre mondial One Water–One Health
Fort de cette impulsion, le Conseil mondial de l’eau collabore aujourd’hui avec plusieurs partenaires en vue de créer un Centre mondial One Water–One Health, qui accueillerait un Forum international dédié, intégré à la Five Fingers Alliance.
L’objectif est de :
- renforcer la coopération internationale,
- partager des solutions reproductibles, intelligentes et peu coûteuses,
- promouvoir une diplomatie de l’hydro-santé,
- encourager l’implication des décideurs,
- diffuser des modèles éprouvés facilement adaptables par les pays.
Ce Centre pourrait devenir un pilier des futurs efforts mondiaux pour atteindre les ODD liés à l’eau, à la santé, au climat et au développement durable.
L’implication des décideurs : transformer la vision en action
Un message récurrent à Marrakech : il est urgent d’opérer une traduction politique de cette interconnexion.
La connaissance sans action ne suffit plus.
Pour garantir la cohérence des politiques de l’eau et de la santé, le Conseil mondial de l’eau appelle les gouvernements et institutions à promouvoir :
1. Le partage de la connaissance
Une science accessible et intersectorielle, permettant des décisions éclairées.
2. Le partage de la gouvernance
Des mécanismes institutionnels reliant ministères, collectivités et parties prenantes autour d’objectifs communs.
3. Le partage de la finance
Des investissements permettant d’accélérer l’innovation, la préparation aux crises et la mise à l’échelle des solutions éprouvées.
Ces trois piliers — connaissance, gouvernance, finance — constituent l’ossature d’une transformation efficace et durable.
Accélérer l’action mondiale
À l’issue du Congrès de Marrakech, le Conseil mondial de l’eau réaffirme sa détermination à placer l’approche One Water–One Health au cœur des politiques mondiales de l’eau.
Le prochain Forum mondial de l’eau à Riyad offrira une nouvelle tribune, avec une place accrue dédiée à la santé dans le thème « L’eau pour l’homme et la nature ». Le Conseil invite l’ensemble de ses partenaires à y présenter des engagements concrets et ambitieux.
De Marrakech à Riyad, un message s’impose :
L’avenir de la sécurité hydrique dépend de notre capacité à intégrer la santé au plus haut niveau de gouvernance.
Le Conseil mondial de l’eau continuera à porter ce message, à promouvoir des solutions intelligentes et abordables, et à rassembler les décideurs autour d’une vision partagée d’un monde plus sain, plus résilient et plus équitable.
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